jeudi 19 novembre 2015

Filer moyen

"Mon royaume pour une pho au boeuf!", m'écriais-je, samedi.

Mes amis, l'heure est grave.

Depuis quelques jours, mon corps fait tout son possible pour me rappeler qu'il n'est qu'un amas de chair, de fluides et d'os, pour qui la perfection de sa conception n'a d'égal que sa fragilité.

Je suis grippé.

"Arrête de te plaindre", me dira l'une, "Imagine ces pauvres gens qui sont terrassés par la fièvre Ebola", me dira un autre, "Ouache, t'as de la morve séchée sur le bord du nez, mouche-toi comme du monde, crisse", m'éructera un troisième. Certes, bien que ces phrases touchantes sont en fait des manières modernes de me souhaiter un prompt rétablissement, je crois sincèrement qu'il est de notre droit de citoyen du monde de chiâler un brin sur notre piteux état.

Ce que je fais. Abondamment. À juste titre parce que...

Si je fais l'étalage de mes déboires phlegmatiques, c'est avant tout à un groupe sélect d'élus qui me sont proches et que j'estime. Ces personnes devraient ainsi se sentir privilégiées que je leur raconte le trimard de mon dernier morvia, la complainte de mon mal-être ou le récit de mon après-midi de documentaires Netflix sur le cycle de reproduction des anémones. Déverser ainsi mon fiel glaireux, c'est dire aux gens que je leur fais assez confiance pour leur exposer ma vulnérabilité, sans filtre. Vincent, sans artifice, dans son plus simple appareil (immunitaire).

Mettre en lumière cet état de marde qui m'afflige, c'est donc, mes amis, de vous dire à quel point je vous aime.

Alors, de grâce, laissez-moi vous expliquer, encore une fois, comment les mouchoirs normaux m'irritent le dessour des narines au point de me faire saigner, tel Éric Lapointe un mercredi soir.

Car ceci est ma souffrance, livrée pour vous.



P.-S. Je vais déjà mieux, merci.