mardi 6 avril 2010

La 50, une bière de hipster?




Depuis quelques années, la mythique 50 de la brasserie Labatt est l'heureuse victime d'une phénoménale recrudescence au niveau des ventes. Certaines langues sales affirment que ce phénomène agit de concert avec la tendance "hipster", qui afflige de nombreuses régions de notre beau globe. J'ai donc décidé de me pencher sur la question pour aller comprendre la motivation profonde des buveurs de cet élixir festif.

Avant tout, tâchons de comprendre cette bière. N'utilisant que les eaux cristallines des Fjords enchantés de la région du Saguenay-Lac St-Jean, des houblons rarissimes ne poussant que sur le versant ouest du Krakatoa et de levure fabriquée annuellement par les moines tricentenaires du monastère de Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Le tout est mélangé et préparé selon une manière ancestrale datant de l'aube de l'ère brassicole, tout ceci dans le plus grand des secrets. (Fait intéressant : le nom de la bière en question a changé plusieurs fois au cours des années. Pour le tout dernier, "la 50", le département de marketing s'est grandement inspiré du Barrett 50 cal. Une arme franche et authentique.)

Pour ce qui est du hipster, je préfère laisser décrire par Frank Tirro, dans son livre Jazz :

Le hipster est un homme souterrain. Il est amoral, anarchiste, doux et civilisé au point d'en être décadent. Il est toujours dix pas en avant des autres à cause de sa conscience, ce qui peut le conduire à rejeter une femme après l'avoir rencontrée parce qu'il sait où tout cela va mener, alors pourquoi commencer? Il connaît l'hypocrisie de la bureaucratie, la haine implicite des religions, quelle valeur lui reste-t-il à part traverser la vie en évitant la douleur, surveiller ses émotions, « être cool » et chercher des moyens de "planer". Il cherche quelque chose qui transcende toutes ces conneries.

Le hipster commençait pratiquement toujours ses phrases par « comme si » (like), indiquant que ce qui allait suivre était la description d'une illusion.

Quand les premiers hipsters commencèrent à vieillir, ils inventèrent le terme hippie pour désigner la jeune génération de hipster de manière un peu péjorative. Les enfants du baby-boom l'adoptèrent cependant positivement et le terme devint tout aussi « cool » à sa manière.




Pour un grand nombre de personnes, la Labatt 50 est une bière archaïque, dépassée, ringarde, bref une bière de mononcle. Un breuvage qui ne devrait s'échapper des murs poussiéreux d'une taverne miteuse. D'après moi, ces gens (probablement amateurs de Rev à saveur bleue) n'ont jamais eu le plaisir de goûter au produit en question...

Voyant ceci, la gente hipster a cru bon sauter sur l'occasion de faire valoir leur propre définition de ce qui est cool. Carburant à l'ironie, ces derniers crurent qu'il serait drôle de boire une bière qui était, depuis un certain temps, délaissée par les jeunes gens chics et branchés... Du moins, c'est ce que certaines personnes croyaient.

J'ai une tout autre théorie.

"Un goût franc et authentique", telle est la devise de cette ale.

Je crois que cette phrase est venue réveiller un grand nombre de personnes, qui se sont levées et ont décidé de faire valoir leurs vraies valeurs. Un certain retour aux sources, si vous me permettez l'expression. Ainsi, depuis quelques années, on remarque également le retour en force de la barbe, des torses velus, des chemises style bûcheron ou chasseur et de la couleur brune (comme la terre et l'écorce d'un arbre!).

Les gens en ont assez de la métrosexualité, des mains manucurées et des bières hypocaloriques. Je ne serais pas étonné que, d'ici quelque temps, les épées, les ours, les motos et le feu deviennent les éléments primaires du spectre de la mode et de nos modes de vie en général.

La Labatt 50 n'est donc pas une bière de hipster, mais bien la pierre angulaire d'un important mouvement de société. Dossier à suivre...

2 commentaires:

Mathieu G. a dit…

Don't fuck around les Revs jeune homme. Il s'agit d'un divin nectar. Mais la 50 c'est bon aussi.

Vincent a dit…

Le Rev c'est un tout autre phénomène. Faudrait en parler aussi.