mardi 29 juin 2010

Bar : lieu propice à l'étude anthropologique (partie 2)

"Tin, v'la ton Bowmore mon Denis! Maintenant
arrête de crier."



C'est chose sue, quand le mercure indique au-dessus de 40 degrés, rien de tel qu'un bar avec une terrasse pour aller picoler au Ricard avec les badauds distingués du coin. Par contre, le plaisir de boire dans un endroit public, bien qu'accessible à tous, demeure un privilège. À tout moment, les gens dirigeant votre établissement de boisson favori peuvent décider de vous refuser l'entrée. Certaines personnes vont contre vents et marées afin de perdre leur privilège.

Voici donc enfin la deuxième partie de cette étude anthropologique sur les clients de bar.



Le brasseux de marde (ou les fréquenteux de Gym Max)
:

Venant tout juste de sortir de sa douche post-entraînement, le brasseux de marde fera quelques push-ups avant d'astiquer son faux-hawk fraîchement teint en foncé (comme ses sourcils d'ailleurs). Il s'éclatera ensuite un "shake de protéines" en attendant que ses boys viennent le chercher dans un Ford Explorer loué avec des phares bleutés et une black light sur la plaque.

Une fois dans la file devant le bar, il tentera de séduire le portier en flashant sont blé (généralement en dessous de 40$). Sitôt entré, il achètera des vodka-red bull à lui et ses potes, mais laissera tout de même un pourboire médiocre, comme ça il est sûr d'impressionner tout le monde. Il carburera à cet élixir toute la soirée, ce qui, suivant un refus global de la part du sexe opposé, le rendra nerveux, irritable et imprévisible.

Frustrés, ces jeunes gens musclés dévisageront les demoiselles et traiteront de traînée toutes celles d'entre-elles qui ne lui retourneront pas le regard.

À la fin de la soirée, le brasseux de marde regardera la pitoune aux seins refaits qu'un autre brasseux a réussi à enfirouaper un peu trop longtemps. Après un long échange de "c'est quoi ton problème?" et de poussaillage, tous les brasseux de marde se feront sacrer dehors et iront au Pigale. Ils reviendront le vendredi suivant.


Le gars silencieux au regard louche:

Probablement le pire cauchemar du barman, il a tendance à venir les jours les moins achalandés, ne dit pas un mot et ne fait que fixer les quelques gens dans l'établissement. Quand on tente d'entamer une conversation avec le gars silencieux, il a toujours l'air mal à l'aise et semble préférer qu'on le laisse. Il sort au moins 4 fois par semaine et s'assoit toujours au même endroit, forcément, il aime l'établissement. Alors, pourquoi ne jamais parler à personne et dévisager tous ceux qui passent le pas de la porte?

Qui est cet homme? Quelles sont ces motivations? Pourquoi porte-t-il un complet Moore's brun alors qu'il fait 35 degrés à l'ombre? À quoi pense-t-il lorsqu'il fixe les barman pendant de longues minutes? Qui a-t-il tué? Quand va-t-il rentrer dans l'établissement avec une mitraillette?

Bref, le gars silencieux demeure beaucoup plus inquiétant que le plus bronzé des ginos musclés.


Le téteux de promos:

Dans le merveilleux monde de la barmanerie, lorsqu'un client ou un groupe de clients paie sans cesse des tournées à tout le monde (incluant le barman), il est bien vu de mettre l'une de celles-ci, "sur le bras de la maison".

Or, étant un client régulier dans un bar en question, le téteux de promos ne se gênera jamais pour vous solliciter quelques shooters ou que pour vous soyez généreux lorsque vous lui concoctez ses rhum and coke. Ce que le téteux ne semble pas comprendre, c'est qu'il n'y a rien de plus rebutant pour un barman que de se faire quémander des produits.

Pour illustrer ce propos, prenez par exemple l'entrepreneur en construction. Si je le paie pour qu'il me bâtisse une maison, je ne lui ferai pas les yeux doux pour qu'il m'ajoute un mur ou deux. S'il décide de le faire, ce sera de son plein gré.

Mais le boutte du boutte, c'est que lorsque bien rond, le téteux modifiera sa technique de sollicitation; il fera mine de chuchoter à son voisin (en s'assurant que le barman puisse l'entendre) que le barman est radin et qu'il ne donne jamais d'alcool gratuitement. Bout de crisse.

Le téteux terminera sa soirée pas mal moins chaud qu'il ne l'aurait espéré, parce que les barmans, écoeurés de son attitude merdique par rapport à leur service, auront cessé de l'alimenter en alcool. Échec.


Le "hype man":

Voici un spécimen tout spécialement difficile à gérer pour un barman. Le hype man, dit le maître de cérémonie, tente par tous les moyens d'être la vie du party. Que ce soit un lundi soir pluvieux ou mercredi après-midi, le hype man va s'assurer que tout le monde s'amuse autant que lui.

Son cas est difficile à gérer, car bien qu'il rentre dans le bar pour sauter sur le dos des barman, qu'il monte sur les tables ou qu'il se montre les fesses en chantant des chansons de Bryan Adams, il est l'ami de tous. Il paye constamment des shooters à tout le monde et entraîne tout le monde dans une folie dépensière, du moins presque tout le monde. Pour ces quelques personnes qui n'apprécient pas voir des testicules à leur table alors qu'ils terminent leur breuvage, le barman se doit de contrôler le hype man.

Il s'agit tout simplement de savoir trouver le juste milieu entre le plaisir badin et l'exhibitionnisme gratuit d'un mongol autosexuel sans scrupules.

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