mardi 21 avril 2015

Au jour de maintenant

Moi, sémantiquement rassasié


Ça y est. Ça arrive à tout le monde et ça vient tout juste de m'arriver. Ce phénomène que je suspectais d'exister, tout en ignorant sa présence dans l'imaginaire collectif.

Satiété sémantique

Après avoir répété plusieurs fois le même mot, il devient soudain vide de sens, phonétiquement inesthétique et mentalement incompréhensible.

Heureux de savoir que cette occurrence était aussi répandue qu'inoffensive, je me suis empressé de remettre mon internement à une date ultérieure. Mes proches s'en verront rassurés, puisque je viens de vivre cet affreux sentiment.

Un mot, pourtant über-commun, m'a poussé au bord du maelström psychotique, ou du moins, d'un coma causé par une violente attaque de vomissements. Bin voyons, quel mot a pu te turlupiner à ce point, me demanderez-vous?  

Aujourd'hui, le damné mot aujourd'hui.

Ce mot qui, phonétiquement, semble enraciné dans un quelconque folklore Flamand du Moyen-Âge, mais qu'on persiste à employer à qui mieux mieux par une quelconque coquetterie historico-linguistique. J'ai toujours un peu de misère à me faire à l'idée qu'à notre époque, nous n'utilisions le mot « hui » (qui signifie maintenant, en ce moment, là) qu'avec « aujourd' » sauf si on s'appelle Michel Folco et qu'on désire beurrer notre savoir lexical plus épais que la moyenne.

En plus de tout ça, aujourd'hui est un pléonasme crasse puisque, on ne se le cachera pas, dire au jour de maintenant, c'est agressivement redondant.

Vous me pardonnerez donc cette montée de lait, mais si comme moi vous croyez qu'aujourd'hui n'a plus sa raison d'exister en ce 21e siècle, prenez la rue et faites entendre votre voix!


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