Avec le beau temps et la chaleur, la populace (moi inclus) a tendance à migrer vers la terrasse afin d'enligner les pintes et les demi-litres de jus de bonheur en bonne compagnie. Ce faisant, mon établissement de travail se retrouve bondé. De facto, plus t'as de monde, plus t'as de monde cave.
Comme de fait, l'un de ces charmants personnages a choisi mon quart de travail de lundi dernier pour illustrer son génie et son savoir-vivre. Le gentil jeune homme.
Sur l'écran géant jouait l'ultime match de la série Canadiens-Flyers et disons qu'à 4-2 pour les méchants, la tension n'était ni à son comble, ni palpable. Déçus, mais généralement satisfaits de la présence en série du CH, les clients portaient davantage attention à la destruction de leurs sous-verres qu'aux commentaires pointus de Benoît Brunet. Cependant, malgré qu'il ne restait que 3 minutes à la rencontre, assis à mon bar, un anglophone aviné s'évertuait à vouloir soulever la foule pour encourager nos Habs favoris. Il faut dire que ses 19 Kilkenny cream ale en canne qu'il s'était envoyée derrière la cravate en fin d'après-midi l'aidaient à ne pas se rendre compte qu'il s'époumonait en solo. Voyant les regards malaisés des autres badauds, je me vis obligé de couper court ses tentatives de ralliement exagérées.
Entre deux "Common people, GO HABS GO!" je posai ma main sur son épaule et d'un ton paternel, lui suggérai de baisser le ton. Compréhensif, il me répondit en criant un peu que le Canadien avait besoin d'encouragement et que les gens du bar ne montraient pas assez de cœur. Il ajouta même (avec un peu d'écume aux commissures) que je pouvais le sacrer dehors si ça ne faisait pas mon affaire et qu'il ne "givait pas un fuck". Soit.
Bin la, dans les trois minutes suivant mon intervention, ledit client fut atteint d'un soudain éclair d'égarement, propulsa le contenu de sa dernière pinte sur la chemise de son voisin arrière. Voisin silencieux et poli qui fut tout aussi surpris que nous de la tournure des événements.
La comédie avait assez duré. Ne reculant devant rien, je me lançai à la poursuite du belligérant. Le truand, qui semblait comprendre qu'il venait de commettre une bourde, s'empressa de s'excuser. En guise de réponse, je l'empoignai fermement par la nuque pour le déloger de son banc. Je devais tout de même défendre l'innocent à qui on avait violé la chemise.
Lors de notre démarche forcée vers la sortie, je remarquai que l'éméché peinait à garder l'équilibre, ce qui rendit ma tâche beaucoup plus facile. Ce fut également plus facile quand vint le temps de le faire sortir, car le monsieur cru bon débouler les 3-4 marches d'escalier pour ensuite aller faire un petit somme sur le trottoir, il devait être pas mal fatigué, j'imagine que c'est pour ça qu'il était marabout.
Mais tout s'est bien terminé, parce qu'en terminant mon quart de travail, il ne gisait plus sur le sol devant le bar. Quelqu'un a dû passer pour aller l'entreposer dans un endroit plus sécuritaire.
Les gens sont gentils quand même.
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